LA DÉRIVE
Suivant les rives, les cours d'eau et les routes qui serpentent le littoral, deux personnages plongent dans une aventure imprévue, empreinte d’une idylle estivale. Puisant dans ses souvenirs personnels et une documentation photographique de ce voyage autour du Québec rural, Beaulac relaye une vision intime d'une relation et d'un territoire en transformation. Située à la croisée de la photographie, de l'estampe, du dessin et de la peinture, cette série explore les liens sensibles et complexes de l'attachement humain aux lieux, ainsi que les projections et réflexions qu’ils suscitent.
Ces oeuvres s'apparentent à un récit ouvert, universel et intemporel, tel un carnet de voyage où chacun peut se reconnaître. Les traces photographiques, marquées par le passage du temps grâce à des techniques de transfert d'image, de superposition de papiers transparents et de dessins point par point au pyrograveur, confèrent à cette série une apparence douce et profonde. Le geste précis et répétitif du pyrograveur rappelle un rituel, symbolisant l'empreinte qui marque et transmue à la fois.
Ces tableaux sont des vitrines qui nous projettent dans des lieux qui nous semblent à la fois familiers et lointains. Le traitement de photographie contemporaines évoque la mémoire, l’éphémère et la transformation. Cette invitation au voyage, à errer dans cet univers, nous incite à la dérive contemplative.
Les sculptures, quant à elles, prennent la forme de cordages, d’objets glanés en bord de mer et de nœuds marins. Elles sont réalisées à partir de fragments de tuyaux de pipe en terre cuite découverts sur le littoral, de cordage, de céramique façonnée et de cristal taillé. Ces vestiges, ficelés et noués ensemble, témoignent de la relation ancestrale que l’humain entretient avec le feu. Par leur symbolisme, les œuvres évoquent ce qui nous lie à notre histoire, à notre territoire et à notre humanité partagée.
Une dernière installation nous invite à traverser des plumes délicatement suspendues, capturant la lumière et dansant dans l’espace. Ces plumes, façonnées en plexiglas miroir et en papier découpé, frémissent au gré des courants d'air et des mouvements des visiteurs, offrant un spectacle poétique d’ombres et de lumière en perpétuel mouvement.
En noir et blanc, teintées de sépia et dotées d’une texture granulaire, ces images puissantes et évocatrices nous transportent entre passé et présent, nous ramenant à la matérialité du souvenir.