CES LIEUX QUI NOUS HABITENT
À l’automne 2019, j’ai pris part à une résidence d’exploration sur le vaste territoire des Laurentides suite à avoir été nommé lauréate des Missions photographiques des Laurentides. J’ai amorcé ce parcours par des lieux liés à mes souvenirs d’enfance — des endroits profondément ancrés en moi depuis toujours. Je tenais à commencer mon exploration par l’ancien chalet de ma tante, où j’ai passé de nombreux étés. N’y étant pas retournée depuis plus de vingt-deux ans, je voulais ressentir à nouveau les Laurentides à travers une atmosphère de souvenance.
Après de longues recherches, plusieurs kilomètres parcourus en voiture et en bateau, je me suis enfin retrouvée dans ce lieu à l’origine de mon lien intime avec la région. Accostée en chaloupe au quai de mon enfance — un endroit inaccessible par la route, sans sentiers ni électricité — j’ai retrouvé le chalet, intact. Je me suis sentie envahie par une profonde sollicitude et un sentiment de grandeur. Les souvenirs sont devenus palpables. Le lieu, malgré les années, n’avait pas changé : la végétation, l’odeur, le mobilier, tout y était. C’était comme si je pouvais enfin placer une loupe sur ces souvenirs lointains, transformés, déformés par le temps et la distance.
Je réalisais alors que tout me semblait plus petit. Les espaces que j’imaginais vastes et étendus étaient en réalité plus intimes. Pourtant, les lieux imaginaires de mon enfance — les presqu’îles, les maisons atypiques — étaient toujours là. Déjà à l’époque, je transformais mes souvenirs en créations, en fictions, comme pour mieux me les approprier. Ce glissement entre le réel et l’imaginaire, cette appropriation sensible du territoire, formait un univers oscillant entre possible et impossible. Ce sont ces lieux qui m’habitent.
Tout au long de mon exploration dans les Hautes et Basses-Laurentides, j’ai conservé ce regard intérieur qui a guidé ma démarche. Je vous présente ici une série d’œuvres situées à la frontière du rêve et de la réalité. Ce sont mes repères : des lieux précis qui m’ont permis de m’orienter, que je considère comme emblématiques des Laurentides. Des lieux que je transforme pour magnifier leur puissance — celle du territoire, du souvenir et de l’imaginaire.
Les photographies et photo-montages ont été réalisés à l’aide de plusieurs caméras : Polaroid, Instax Wide, Fuji numérique, Canon numérique, Zenza Bronica et iPhone.
VIDÉO
Ces lieux qui nous habitent | Chloé Beaulac
TEXTES:
Dominique Sirois Rouleau | Ces lieux qui nous habitent
Ciel variable - Article de Presse
Alexandre Payer | Réminiscences Augmentés
Vie des arts - Article de Presse
Remerciements:
Merci pour le soutien et le dynamisme de la direction et des équipes de Loto-Québec, de l’équipe des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, et du Centre d’exposition de Val-David. Merci à Alexandre Payer et Dominique Sirois Rouleau pour leurs textes, à l’équipe de La Fabrique culturelle, ainsi qu’aux rencontres spontanées sur la route des Laurentides.